Pour comprendre le résumé, il importe de voir que deux thèses s’affrontent en raison du point de vue choisi. Flammarion a eu le souci d’apâter son propre public.
Le titre en néerlandais inscrit la Flandre dans une perspective Est-Ouest largement ouverte aux influences. Le néerlandais trempe dans la culture anglo-saxonne même si en Flandre elle doit composer avec une langue latine. Les liens avec l’Angleterre seront contrariés. Les liens avec l’Allemagne finiront par s’imposer.
Le titre en français inscrit le duché dans une perspective Sud-Nord. Certains ducs sont soucieux de développement économique et dotent la Flandre des moyens. D’autres ducs sont désireux de prendre Paris et de s’annexer le Nord, en vue d’un enrichissement personnel.
La culture au sens large (droit, administration, finances, religion, modernisation de l’art de la guerre, esthétique) oscille entre l’ancien et le moderne mais c’est bien au Nord que la deuxième Renaissance mettra à mal les structures moyen-âgeuses de la Chevalerie. Charles Quint est le dernier Chevalier… il est dépassé par les mentalités devenues résolument modernes.
Une astérisque* renvoie à une lecture intéressante sur un sujet développé dans le chapitre ou sous chapitre mais non résumé.
Remarque générale : selon les thèmes l’auteur fait des sauts chronologiques vers l’avant à grands coups de pinceau puis s’autorise de revenir en arrière dans le temps pour le plus souvent nuancer un propos. Il est nécessaire de refixer les antécédents chaque fois que l’on suit l’histoire de la France, puis de l’Angleterre, ou de tels ou tels comtés. La précision de la datation est consolidée par des annexes sur les généalogies princières ou par des cartes qui se modifient aux frontières pour situer les acquisitions par mariages ou conquêtes.
Un dossier iconographique éclaire la dimension esthétique, essentielle dans ses rapports avec les autres dimensions de la culture (par exemple le religieux).Le titre flamand parle des Burgondes. Le titre anglais aussi.
Première partie : le millénaire oublié ( 406-1369 )
Chapitre 1 : de royaume à duché
En 406, le Rhin gèle à Mayence. Des mouvements migratoires passent le Rhin et menacent les limes de la Gaule depuis la Germanie. Avant cette date les Romains avaient accepté que des Francs Saliens occupent la zone entre la Meuse et l’Escaut. Ces Francs prospérèrent en occupant un territoire correspondant aux Pays-Bas et à la Flandre actuelle. Au fil du temps, les Germains au Nord-Est, appelés les Goths, eurent connaissance de la prospérité de l’autre côté de la frontière. De plus les Huns les poussaient dans le dos. Parmi ces Germains, les Burgondes passèrent le Rhin et s’installèrent à Worms.
En 406 leur roi GONDICAIRE sortit de la région de Worms avec 80000 hommes et peupla une région entre le Rhin et la Seine, jusqu’à ce qu’il soit bloqué par les Romains aidés par les Huns. Mais le fils du roi, GONDIAC, s’échappa.
« Je lancerai le premier dard »
(Je reprend les sous-titres de Van Loo mais ne les commente pas ; il s’agit d’un marque-page)
En 436, Attila rompt l’accord passé avec les Romains et sévit dans toute la Gaule Belgique. Aux Champs Catalauniques, près de Troyes, les Romains les matent mais sans les punir. Ils préfèrent les utiliser comme tampon par rapport aux Burgondes bien plus gênants. Cette bataille voit les Wisigoths prêter main forte aux Burgondes, qui rêvent de vengeance après leur défaite. Le roi des Wisigoths, Theodoric, meurt et son fils, Thorismond, reprend le pouvoir. Le fait que les légions romaines soient rappelées à Toulouse aura pour effet que les Germains deviennent la nouvelle puissance de l’Occident. Les Romains, faute de pouvoir les anéantir, autorisent les Burgondes à s’installer en Savoie, sous leur contrôle.
« Beurre rance , odeur d’ail et d’oignon »
Quand l’Empire Romain sera dissous, le roi GONDEBAUD, fils de Gondiac, sortira de Savoie pour partir vers Nevers, Bâle et Avignon. Ce peuple minoritaire dans le monde Wisigoth arrive à se forger une identité avec Vercingetorix à Alesia et gagne une place internationale en adoptant la « lex burgundionum » qui favorise les unions gallo-romaines : les Romains se germanisent. Les tiraillements entre tribus au sein de la nation s’apaisent un peu par la clause permettant de racheter son honneur. La vendetta (faihita, faide) était une plaie et c’est elle qui ruinera la famille royale de Gondebaud. Autour de Macon, la culture de la vigne trouve ses marques…
« La Gaule vaut bien un bain glacé »
En 506, un roi Franc, Clovis, se fait baptiser pour s’attirer les grâces romaines et conquérir l’Occident. Une princesse burgonde joue ici un rôle de premier plan, à la mort de son mari.
Le peuple burgonde de Gondebaud étant minoritaire, les prétentions du frère du roi, GONDEGISILE, le conduisirent à la trahison par une alliance avec les Francs. Ces derniers vainqueurs épargnèrent le roi Gondebaud qui s’empressa de tuer son frère Gondegisile. Ensuite il souda une alliance pour tenter de survivre comme peuple, en offrant CLOTILDE en mariage. A sa mort à lui , SIGISMOND, son fils, lui succède.
Les Burgondes ont eu le temps de conforter leur personnalité en tant que nation ; ce sont des aristocrates, à l’amorce d’une culture féodale. Ils sont majoritairement aryens.
« Et advint la France »
L’Eglise occupe le terrain quand les Romains du Bas-Empire perdent leur pouvoir. Les évêchés sont calqués sur les divisions administratives antérieures.
Comme Arius est hérétique, il valait mieux se convertir. Sigismond le fit, Clovis suivit.
Les Wisigoths occupaient la moitié sud de la Gaule et Clovis s’appuya sur Sigismond pour repousser les Wisigoths en Espagne lors de la bataille de Vouillé contre Alaric.
« Sous son cou, un foulard »
Sigismond est donc roi de Burgondie et cherche un mythe fondateur : ce sera « le cycle de Bourgogne ». Sigismond a un fils de sa première femme, Ségéric. Il se remarie à la mort de sa femme mais son fils ne la supporte pas. Pour satisfaire sa deuxième femme, le roi fait tuer son fils. Les Ostrogoths, venus de Prague, sont la tribu de la première femme et veulent venger la mort de Ségéric.
De son côté Clodomir, fils de Clovis, était sous l’influence de sa femme burgonde , GONDIOQUE, petite fille de Gondégisile. Les femmes germaniques sont les dépositaires de l’honneur familial. Sigismond affaibli par toutes ses vendettas est assassiné. Les Burgondes élisent GONDEMAR, frère de Sigismond.
On retiendra que les Mérovingiens sont de sang mêlé avec les Burgondes. Le fils de Clodomir, Thierry, épouse la deuxième fille de Sigismond, SUAVAGOTHA. Thibert le fils de ce mariage est le dernier rejeton de la dynastie burgonde mais indirectement, puisque seulement lié par sa mère. Il meurt sans enfant. Voici la chaîne dynastique depuis Gondicaire : Gondiac, Gondebaud, Sigismond, Gondemar. On ne peut sauver la succession même par les femmes : Clotilde (Clovis), Gondioque (Clodomir), Suavagotha (Thierry)….
« Voyez ici la chemise de la Vierge du Seigneur »
Le royaume mérovingien est divisé en Austrasie, Neustrie et Burgondie.
L’histoire de la Bourgogne clapote jusqu’à l’arrivée de nouvelles invasions, quand il s’agira d’arrêter les Maures avec l’aide des Burgondes.
L’époque carolingienne démarre en absorbant la Burgondie sans la nommer. Ce n’est qu’au découpage de l’Empire qu’elle reparait, au traité de Verdun en 843. C’est alors la partie médiane entre France et Allemagne. Et elle s’étend jusqu’à la Frise et l’Italie. En fait la Burgondie est coupée en deux et la partie orientale se détache du Saint Empire Romain Germanique et s’appelle Franche-Comté de Bourgogne. La Bourgogne est le nom qui qualifie la seconde moitié qui couvre un territoire entre Nevers, Dijon et Macon. Puis arrivent les Scandinaves. Les Vikings menacent la Bourgogne et RICHARD le Justicier, comte d’Autun, les arrête. Les Normands s’attaquent à Chartres mais là l’évêque les repousse en Normandie, soutenu par le comte d’Autun. Le roi de France pour remercier Richard le fit duc. Son installation à Dijon inaugure l’histoire du duché de Bourgogne.
Chapitre 2 : De la Bourgogne à la Flandre
Le découpage de l’Empire Carolingien ne cessa de se morceler, jusqu’à ce que l’on impose la loi de succession dynastique au seul fils aîné. Hugues Capet en 987 avait un petit territoire entre Senlis et Orléans et c’est pour cela qu’il fut choisi comme premier roi de France. ROBERT, petit fils de Hugues Capet, réva de renverser son frère aîné, Henri I, mais dut se contenter du duché de Bourgogne en 1032.
S’en suivra une succession de 300 ans dans un duché qui était vassal du roi de France.
Ceci dit dans la féodalité* le roi n’avait pas encore de réel pouvoir dominant et se devait de partager la puissance dans un rapport de force très changeant. L’Eglise en profite quand elle introduit dans les conflits d’intérêts, la « paix de Dieu » comme embryon d’arbitrage des affaires administratives. La première croisade contribue à la canalisation de la violence.
« Un blanc manteau d’églises »
Autour de Cluny prit racine une multinationale faite d’un réseau d’abbayes. Hugues, abbé de Cluny pendant 60 ans, créa une renommée qui profita à la Bourgogne car le réseau s’étendait sur toute l’Europe. Une réforme vit le jour en critiquant l’opulence. Citeaux, sous la houlette de Bernard de Clairvaux, prit ainsi du poids, même si la richesse de la vigne finit par l’enrichir à son tour. Les cathédrales datent d’alors.
« Père gardez vous à droite, gardez vous à gauche ! »
L’ordre de Citeaux doit beaucoup à EUDES I de Bourgogne, duc en 1098.
La Bourgogne est chargée des frontières face à l’Allemagne. Cela rehausse la conscience bourguignonne d’une touche de nationalisme français. Le danger ne vint pourtant pas du Saint Empire Romain Germanique mais d’Angleterre.
Henry Plantagenet, arrière petit-fils de Guillaume le Conquérant, épousa Aliénor d’Aquitaine en 1152. Elle avait divorcé du roi de France Louis VII. Elle substitua donc une couronne à l’autre. Avec ce mariage, le sud-ouest de la France passa dans le camp anglais. Cela ne pouvait pas tenir car Henri, comme duc de Normandie par son arrière-grand-père et comte d’Anjou par son père, était le plus fort vassal du roi de France.
En 1314, Philippe le Bel mourut mais ses fils étaient morts avant lui, si bien qu’il n’y avait plus de successeur légitime. Isabelle de France fut autorisée à régner comme régente de son fils Edouard III, espérant ainsi récupérer l’Aquitaine. Mais comme Isabelle était faible, des juristes français en profitèrent pour remettre en question sa nomination, en invoquant l’ancienne loi salique. Hugues Capet avait une ligne collatérale unie à Philippe le Bel, la maison de Valois. Cette maison fit la guerre à Edouard III.
On est au début de la guerre de 100 ans et ce fut à la bataille de Crécy en Picardie que les anglais acquirent Calais. On est en 1346. À la mort de Philippe VI de Valois roi de France succéda Jean II ou Jean le Bon, piètre stratège, qui perdit la bataille de Poitiers et fut fait prisonnier en Angleterre. Edouard III en profita pour ré-exiger la couronne de France.
« S’exposant volontairement à la mort »
Au début de 1348, la peste dévasta la France et la Bourgogne.
La reconquête d’Edouard III buta sur la résistance des villes qui lui fermèrent leurs portes le repoussant en Bourgogne. Le duc PHILIPPE I DE ROUVRES conclut une trêve de trois ans permettant au roi d’Angleterre de menacer Paris. Les français esquivaient les batailles si bien que l’armée anglaise finit par se démotiver. Edouard III fut contraint à négocier une trêve à Bretigny en1360 et regagna l’Angleterre. Les français payèrent une somme folle pour récupérer Jean le Bon. Quant aux soldats anglais, en fait des mercenaires allemands qui restèrent sur le territoire français, ils semèrent la panique dans les campagnes. La Bourgogne fut une des régions les plus ravagées, et quand une seconde vague de la peste réapparut, elle emporta le duc sans descendant.
Le roi de France revendiqua aussitôt le duché mais il ne le garda pas pour lui, le cédant à son fils, PHILIPPE LE HARDI.
« Je tranche avec le fer ce sein et le jette aux chiens » Charles V, fils aîné de Jean le Bon, voulut marier son petit frère Philippe le Hardi et son regard se posa sur MARGUERITE de MALE, fille du comte de Flandre. En dot celle-ci apporta donc la Flandre, la Franche-comté, le comté d’Artois, Nevers et Rethel. Et les seigneuries d’Anvers et Malines. Ils auront un fils, Jean sans peur.
Deuxième partie : le siècle bourguignon ( 1369-1467 )
Philippe le Hardi sera duc de Bourgogne de 1384 à 1404 et Jean sans Peur de 1404 à 1419. Ensuite il y aura Philippe le Bon de 1419 à 1467, et ce n’est pas fini…
Chapitre 1 : Sortis de la boue
« Dans un monstrueux élan de rage »
De La Flandre, vocable germanique qui veut dire marée ou extirpée des eaux, on ne sait rien avant que Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, ne « donne » cette région à Baudouin Bras de Fer en 863. Mais 500 ans plus tard, le Comte de Flandre a pour suzerain le roi de France. Et le Duché de Normandie pareil. Guillaume le Conquérant épousera Mathilde, fille de Baudouin V qui fit prospérer Torhout, Ypres, Cassel et Lille. Les flamands marins donnèrent un sérieux coup de main à la conquête de l’Angleterre et Mathilde y sera reine. Ceci ne facilitait pas la relation avec le roi de France.
Économiquement le lien de dépendance est avec l’Angleterre.
« Je croyais être seule reine ici »
De plus en plus à sec, les chenaux s’ensablèrent et la construction de digues donna accès aux Polders. On fortifia les villes de Bruges et Gand. Des chartes leur furent octroyées. On construisit des halles à Ypres, on créa des foires à Bruges, pour soutenir les centres textiles utilisant la laine anglaise. L’argent arriva et aussi les banquiers. Gand concentra le pouvoir politique.
« Tos flamens, tos flamens estons ! Par Dieu ! Por Nient en parlais car tos sommes et serons flamens »
Ici on retient Jean Sans Peur qui aura une réputation en dents de scie, adulé et sanguinaire. Mais ce n’est pas lui qui est le premier à être répressif. Car la région, essentiellement 5 villes, est rebelle depuis longtemps. Il ne sera comte de Flandre qu’à la mort de son père.
La Flandre s’agitait donc et cela inquiétait le père. À Courtrai il y avait eu « la bataille des éperons d’or » en 1302. Les tensions entre le comte et les villes éclatèrent sous deux étendards : les leliards (riches patriciens francophones) et les klauwaards (la plèbe pauvre parlant patois, le thiois). Ces derniers étaient conduits par Philippe de Dampierre, sous la bannière du lion et ils s’allièrent avec les anglais, tandis que les autres choisirent Philippe le Bel. Celui-ci fit passer les 5 villes flamandes sous sa juridiction. « Les matines de Bruges » s’accompagnèrent de l’extermination de 120 notables bourgeois et de soldats français.
Philippe le Bel fut chassé… puis bien sûr se vengea. Le comté dut céder Lille et Douai et le Westhoek à la France. Pour les autres villes, il fit preuve de tolérance accordant même des accès au débat public pour les gildes d’artisans.
C’est l’intrusion de puissances extérieures appelées par les villes qui fâcha Philippe le Hardi. Il jura qu’il récupérerait les territoires perdus. Mais devait tenir compte du comte, père de sa femme.
Un savetier lui fendit le crâne »
La politique des villes n’est pas celle du comte. Louis* comte de Nevers et de Flandre, arrière-grand-père maternel de Jean sans Peur, saisit des marchands anglais en captivité. Le roi d’Angleterre riposta en empêchant l’exportation de la laine. Malgré les obligations féodales les liant à la France, les villes flamandes s’allièrent avec les duchés de Gueldre et de Brabant.
Voilà l’embryon du « Plat Pays ».
À Gand, Jacques van Artevelde dota la ville d’une nouvelle administration en 1338. Le comte laissa faire et la paix permit la relance du commerce avec l’Angleterre et son exportation de la laine. Edouard III est élu roi de France à Gand, le 26 janvier 1340, ce qui permit à la ville de proclamer qu’elle restait respectueuse de son lien de vassalité. La France humiliée riposta par un embargo sur les céréales, affamant la population. Jacques van Artevelde fut tué et les 10 ans de république avec lui. Le comte de Flandre partit se réfugier à Paris… puis mourra à la bataille de Crécy.
Chapitre 2 : la ville sans peur
En 1378, on a deux papes. La Bourgogne suit la France qui choisit Clement VII alors que la Flandre (et l’Angleterre) rejeta le pape d’Avignon.
« Comme une prostituée dans un lieu de débauche »
Les confesseurs dominicains entrèrent à la cour du duc de Bourgogne. Jean sans Peur sera très croyant même s’il avait le sens de la « realpolitik ». Il est temps de préciser ce qu’il doit à son père.
Le livre de Van Loo semble à certains moments confus dans la succession entre Philippe le Hardi et son fils. Il en ira de même à propos du rôle de Bedford en Angleterre. Mais cela tient à la thèse centrale développée par l’auteur. Le but est de raconter l’histoire de la Flandre. La traduction française essaiera de déplacer l’accent pour faire une plus belle part à l’histoire de la France. Reprenons donc l’ordre chronologique.
« Faites que cela prenne fin le plus vite possible »
A Bruges, on creusait un nouveau canal vers Deinze pour que le blé de France arrive sans passer par Gand et que le textile prenne le chemin inverse. À Gand la croissance stagne face à une concurrence venant de l’arrière-pays dans l’industrie drapière de moins bonne qualité mais moins chère. Le comte choisit Bruges pour le tracé du canal mais quand le chantier démarra, il se heurta à l’opposition des chaperons blancs gantois et le canal fut interrompu malgré l’intervention du bailli. L’opposition des chaperons blancs fut conduite par Jean Yoens qui réussit à s’allier les villes (sauf Termonde) contre le comte.
Avec l’aide de Philippe le Hardi, Louis de Mâle gagna les praticiens à sa cause, et le passage de Ypres dans son camp provoqua l’isolement de Gand.
Pendant ce temps les successions dynastiques, en France (1350 + Charles V) et en Angleterre (Charles VI et Richard II sont tout petits), mirent sur le trône des enfants et les régents avides nuisirent à la conduite des affaires.
Lors du mariage de Charles VI à Reims, Philippe le Hardi joua des coudes… puisa dans le trésor royal et régla leur compte aux villes flamandes.
« Les vers de terre dévoreront les lions »
Les gantois sortirent de leur chapeau Philippe van Artevelde et cette révolte trouva appui chez les anglais. Les gantois assiégés profitèrent de « la procession du Saint Sang » pour chasser Louis de Mâle… qui se réfugia comme on le sait chez Philippe le Hardi…. lequel demanda une entrevue près le roi de France.
L’aristocratie avait peur de la contagion de Gand car elle avait observé des échos à Blois, Orléans, Reims, Rouen et ce jusqu’en Italie et en Angleterre. Une conscience de classe des couches « inférieures » de la société prenait naissance.
« Nous aimerions le roi de France à Gand pour apprendre le flamand »
10000 français dont 1/5ème de bourguignons entrèrent en Flandre par Comines (Chronique de Froissard).
Chapitre 3 : 1789 avant la lettre
Le choc fut colossal, à Rosebecque, et Philippe van Artevelde y fut piégé et tué entrainant avec lui dans la mort la première révolte bourgeoise. Le déferlement des vainqueurs fut sauvage ; c’est alors qu’on incendia Courtrai.
« D’où elle entend encore tierce et nonne* »
L’église de Dijon s’enrichit du « jacquemart » de Courtrai. Il s’agissait d’une horloge mécanique.
« Vilains êtes vous, vilains vous resterez »
Charles VI aurait pu prendre Gand mais il stoppa ses troupes avant. Car à Paris c’était une foire d’empoigne et il dut rentrer calmer une révolte des ouvriers, paysans et artisans. De son côté avec des impôts prélevés en France, Philippe le Hardi paya son armée.
Malgré des tentatives contrariées, les régimes évoluèrent vers un pouvoir absolutiste et le peuple conserva sa confiance pour la royauté légitimée par l’onction du Saint-Chrême.
« De tous pays le plus mauvais peuple a »
Les anglais avaient suivi les rebondissements de cette bataille capitale qui plaça Philippe le Hardi comme grand vainqueur. L’aristocratie anglaise autour du roi se réjouit de la défaite des milices communales. Mais l’économie reprit ses droits et les exportations vers la Flandre.
C’est alors que le pape de Rome lança une croisade contre la papauté d’Avignon et les hérétiques… avec l’aide des anglais qui pouvaient partir de Calais.
Philippe le Hardi avertit Charles VI que les anglais avaient reconquis toute une partie de la Flandre, schismatique à part certaines régions. Ainsi Ypres fut sauvée par les bourguignons. De nouveau il fallut mater les gantois arrogants qui avaient pris le contrôle de l’Escaut.
On calma le jeu par la diplomatie qui scella une union entre la Flandre et la Bourgogne. Philippe le Hardi présenta son fils de 15 ans, au roi de France car ce serait lui le successeur à la tête du duché.
Chapitre 4 : les Plats Pays en herbe
Philippe le Hardi installait le futur en mariant ses enfants à des partis stratégiques (1404). Jean fut poussé dans les bras de MARGUERITE DE BAVIERE. Dans une rencontre avec Albert de Wittelsbach qui possédait le comté de Hollande*, du Hainaut et de la Zélande (tous vassaux du Saint Empire Romain Germanique).
« Sans elle je ne ferai rien »
Marguerite de Bourgogne, la fille de Philippe le Hardi, fut approchée par Guillaume de Bavière mais les mères firent monter les enchères jusqu’à ce que Jeanne de Brabant impose Cambrai comme lieu du mariage. Cette ville du comté de Hainaut était le noeud d’un réseau de foires pour l’industrie drapière mais aussi un débouché pour des villes flamandes florissantes comme Bruxelles, Leuven, et Bois le Duc.
Il y avait un problème de succession pour Jeanne qui n’eut pas d’enfants après deux mariages. À sa mort les 3 comtés (Hollande Zélande Hainaut = HZH) passeront à Marguerite II de Hainaut qui avait épousé un Wittelsbach. De son vivant Jeanne eut des problèmes avec le duché de Gueldre qui s’était lié à l’Angleterre. Il n’était pas question que les comtés HZH tombent aussi dans les mains anglaises et elle trouva un appui essentiel près de Philippe le Hardi…à condition qu’à sa mort le Brabant entre dans les possessions de la Bourgogne.
« Il y avait grand foison de chevalerie »
Philippe le Hardi entretient une cour fastueuse. Politique de marketing efficace mais surtout de propagande. Le duc voyagea toujours accompagné par ce faste* car dans tous les châteaux qui l’accueillaient il faisait des fêtes et des tournois*.
« La convient mettre à chevauchons sur le cochon »
Un mariage doit proclamer que Philippe le Hardi est immensément riche. Le livre digresse volontiers sur des sujets qui offrent grand intérêt sur les menus* de fête ou la description de la cour en déplacement ou encore un tournoi.
L’insupportable fureur des soldats du siècle »
Les armées de la guerre de 100 ans sont tout sauf raffinées.
Des gantelets dépiécés »
Jean sans Peur n’aura pas l’aisance de son père dans les événements mondains ; il aime la musique et le théâtre et est incapable d’humour et de traits d’esprit. C’est tout le contraire de son cousin et ami, Louis d’Orléans, fils cadet de Charles VI.
Chapitre 5 : la France cheval de trait de la Bourgogne
Philippe le Hardi rêve de conquérir l’Angleterre et il joue l’entremetteur près le roi de France Charles VI en présentant Isabeau de Bavière.
« Ô fière, fière ville »
Gand sortit de son hibernation avec en tête de sa rébellion Frank Ackerman qui conquit la ville de Damme fondée par le comte de Flandre, Philippe d’Alsace.
Le roi de France et le duc de Bourgogne se devaient de réagir et ils enrôlèrent l’armée conçue préalablement pour conquérir l’Angleterre. Une coalition franco-écossaise empêchait les anglais de débarquer pour prêter main forte aux gantois. Une paix fut signée à Tournai où les gantois cessent d’en appeler à l’Angleterre et reçoivent des privilèges (18 mai 1385).
Dans la foulée Philippe le Hardi entreprit un programme de grande ampleur pour relever la Flandre. Dans l’organe de concertation qui précisait la politique économique, il inséra un moyen de contrôle avec deux Cours des Comptes à Dijon et Lille. Celles-ci avaient légitimité pour ester en justice car il fallait arrêter les ravages de la faihitha loin d’être éradiquée par la « paix de Dieu » prônée par l’Eglise.
L’idée du duc est d’amorcer une fusion en un grand Etat fédéré.
« Sans vous, mon oncle, nous serions déjà en Angleterre »
Pour conquérir l’Angleterre, Charles VI avait besoin de l’appui de Jean de Berry ; mais cet appui vint à manquer et le roi de France par dépit donna toute la Flandre française à Philippe le Hardi.
Alors le duc de Bourgogne, arrivé à ses fins, devint diplomate avisé en cherchant avec l’Angleterre une paix durable.
« Pour combattre à une oie »
De nouveau la Gueldre fit parler d’elle. Et Philippe le Hardi poussa Charles VI à réagir. Il faut savoir que ce dernier a une faille folle que le duc de Bourgogne exploitera pour aider Jeanne de Brabant. Charles VI en est averti par Louis d’Orléans qui rêve d’accéder au pouvoir. Philippe le Hardi patiente mais présente l’addition de ses campagnes…à Jeanne de Brabant désargentée qui doit l’honorer en cédant outre le Brabant à la Bourgogne, aussi le Limbourg. Les brabançons renâclent au changement que le duc amène.
Les choses se calment quand c’est son fils ANTOINE qui est placé comme une figure acceptable à la tête des Plats Pays unifiés : Flandre, Brabant, Hainaut, Hollande, Zélande, Limbourg.
Chapitre 6 : Beauté et folie
Et à l’Est ?
L’année 1389 voit une armée de hongrois, bulgares, albanais, bosniaques et serbes se dresser à Pristina contre l’armée turque ottomane du Sultan Mourad I. Le tsar serbe y fut tué sur le cadavre du sultan. Bajazet fils de Mourad reprit le fil du combat et gagna la bataille soumettant les Balkans et menaçant la Hongrie.
Pendant ce temps en France Philippe le Hardi achète Champmol pour y construire une chartreuse mais surtout pour faire glisser le centre de gravité du duché à Dijon.
Mais pourtant ce sera le Nord qui grandira en importance.
En attendant pour décorer un mausolée qui devrait servir de dernière demeure de la dynastie bourguignonne, il fit venir Claus Sluter*. Lequel arriva avec Claus de Werve et Jean Malouel. Champmol rassemble deux univers : la culture chevaleresque et le monde de l’esprit et de la foi.
« Monseigneur vient pour tuer »
Charles VI, sur le trajet (1392) de Paris en Bretagne pour semoncer le duc de Bretagne qui refusait de livrer l’assassin du commandant des forces françaises, eut une crise de folie. Sous ce règne désormais handicapé, le royaume de France se morcela.
Entre l’Eglise catholique et l’Angleterre les choses s’envenimèrent.
« J’ai très grand désir de m’avancer »
Philippe le Hardi réclama un régent fort, Louis d’Orléans étant trop jeune. Profitant de la crise de Bretagne, il régla le litige en se plaçant comme l’homme fort de la situation. Et réussit à tirer à lui la grande partie des revenus de l’Etat français. Il chercha à finir la guerre de 100 ans en créant un climat propice au développement de la Flandre. En effet c’est elle qui ne cesse d’envenimer la diplomatie en charge d’arrêter la guerre de 100 ans.
L’autre front retint aussi son attention à l’Est du côté des turcs. Il organisa une croisade. Il convainquit Godefroid de Bouillon d’aller près de Sigismond roi de Hongrie, qui demandait de l’aide (1395). Philippe le Hardi se fit représenter par son fils JEAN. Tout ceci coûtait énormément d’argent*.
« Un joyau à pendre au cou d’une cathédrale »
C’est alors que le christianisme devint moins abstrait.
C’est alors aussi que l’individualisme se mit à bourgeonner. L’artisan devenait artiste. Dijon se dota du Retable de la crucifixion de Melchior Broederlam. Malouel peint la grande Pieta ronde. Sluter éleva le Puits de Moïse. Le frère de Philippe, duc de Berry fit venir Paul Herman et Johan van Limburg pour enluminer les Riches Heures.
Chapitre 7 : Ostentation et propagande
Pour que le duché soit UN, il fallait que l’Eglise le soit aussi.
Charles VI croyait guérir de sa folie en arrêtant le schisme mais de sa place bien trop impliquée il n’y arriva pas. Il essaya alors d’arrêter la guerre de 100 ans que les trêves ne stoppaient guère qu’un moment. L’Angleterre essaya aussi pour avoir les mains libres contre les velléités du duc de Gloucester.
« Fils du roi de Flandre »
La croisade (1396) conduite par Jean était arrivée à Vienne où elle échoua à enrôler Albert de Bavière. Les troupes arrivèrent fatiguées à Buda et rejoignant Sigismond elles se fixèrent à Nikopol occupée par les turcs. Le sultan Bayazid rompit la guerre de siège par une provocation des chevaliers sachant que ceux-ci voudraient laver l’affront. Ce fut la bataille de Tirnovo. Jean fut fait prisonnier. Les chevaliers furent tués sous ses yeux.
« Orgueil et folie »
Pour récupérer son fils, Philippe le Hardi payera la rançon en levant un impôt sur ses terres. L’effet paradoxal en fut une certaine unification du duché.
Jean à son retour vit qu’il avait eu un fils qui sera connu sous le nom de Philippe le Bon. Jean fut accueilli en triomphe dans toutes les villes de Flandre. Philippe cherchait à tirer gloire de son investissement (la rançon s’était élevée à 750 kg Or). Et il para le nom de son fils d’un qualificatif redorant la chevalerie : Jean Sans Peur.
Par contre la stratégie militaire aurait gagné à renoncer à la logique des hauts faits d’armes dans le seul but de prouver sa bravoure.
Quoiqu’il en soit le sultan avait perdu tant d’hommes qu’il rentra affaibli et fut rapidement battu par des hordes mongoles conduites par Tamerlan.
C’était le début de la fin de l’Empire Romain d’Orient.
« Affaires eussions du bon duc de Bourgogne »
À la mort* de Philippe le Hardi, Jeanne de Brabant céda son duché à Antoine le second fils de Philippe.
Précisons les mariages des 5 enfants du duc décédé : Antoine épousera Jeanne de Luxembourg. Quant au troisième fils de Philippe qui s’appelait Philippe encore (il ne faut pas le confondre avec Philippe le Bon), épousa Bonne d’Artois. Ses filles Catherine et Marie épouseront Léopold IV d’Autriche et Amédée VIII de Savoie. Quant à Philippe le Bon il épousera Michèle de Valois fille de Charles VI.
Claus Sluter sculpta le tombeau de Philippe le Hardi ; Malouel le mit en couleurs. Malouel est un précurseur des frères Van Eyck. Le rite funéraire fut grandiose à l’image d’un règne précurseur paradoxalement de l’émancipation des Plats Pays.
À la mort d’Albert de Bavière son fils Guillaume devint comte de Hainaut Zélande Hollande. Marie de Bourgogne, la soeur de Jean sans Peur, prit place à ses côtés. Une de leurs filles, Jacqueline, sera célèbre dans quelques années pour sa résistance toute flandrienne à Philippe le Bon. Leur grand-mère commune, Marguerite de Flandre, mourut en 1405 et Jean sans Peur devint comte de Flandre. Le décor est planté.
Chapitre 8 : Assassinat et combat linguistique
JEAN SANS PEUR n’avait pas la même position que son père à la Cour du roi Charles VI. Le conseil de régence était dominé par le frère du roi, Louis d’Orléans, qui suivait la ligne politique de son père Charles V : rallumer la guerre de 100 ans contre les anglais. L’enjeu de cette guerre est en train de changer.
Cela ne faisait pas l’affaire de la Flandre car Jean s’attelait à consolider les différentes parties des Plats Pays : alliance entre les Etats flamand et bourguignon rapprochant les blocs Brabant-Limbourg et HZH.
Louis l’empêcha de réunifier le duché en s’alliant avec le duché de Luxembourg. Néanmoins Jean eut son siège au Conseil de Régence. Louis lui chercha noise en l’accusant d’attenter à sa vie. Fuir le conseil de régence fut une mauvaise réaction qui fit que …depuis lors Jean sans peur vivra dans la crainte . La politique de Philippe le Hardi était morte ?
« Wat Walsch is, valsch is »
Jean sans Peur fut accueilli en triomphe dans les villes flamandes. Il s’y sentait chez lui. Il passa un deal économique avec l’Angleterre. Mais il buta sur l’écueil linguistique*. Le néerlandais apparut comme une langue qui unifiait les Plats Pays à égalité au moins avec le français. Contrairement à ses successeurs il connaissait bien le flamand car le bilinguisme s’imposa dans les fonctions étatiques les plus hautes… contre la tendance, les flamands avides d’accéder aux hautes sphères reniaient le flamand.
« Un tel homme mériterait d’être brûlé »
Le théologien Jean Petit protégea Jean dans l’affaire de l’attentat manqué…car il est toujours juste de tuer un tyran ! Le Grand Conseil innocenta le duc qui reprit sa place au Conseil de régence. Mais en coulisse la famille d’Orléans chercha à retourner le Grand Conseil surtout que Jean était appelé à Liège pour réinstaller le prince évêque au trône vacillant : il s’agissait de se doter du pouvoir d’influencer la politique régionale autour de Tongres, Hasselt, Dinant, Maastricht.
Chapitre 9 : Amours arrangées, tumulte incontrôlable
Guillaume de Bavière, comte de Hollande Zélande Hainaut, avait une fille, Jacqueline. La connexion bavaroise entre sa femme et sa soeur fit merveille. Jacqueline épousa l’avant dernier fils de Charles VI. C’était une érudite. Elle se mariera quatre fois. Mais elle jouait contre les intérêts de la Bourgogne et donc de son père. Par contre Guillaume en Hollande resta coincé dans la guerre entre les Hameçons et les Cabillauds ; cette guerre entre des familles ne pouvait se régler que dans une conciliation.
Le second frère de la femme du duc de Bourgogne occupait le trône de la principauté de Liège. Jean de Bavière beau-frère de Jean Sans Peur calma la querelle de façon trop énergique dérangeant les nobles citadins qui lui préférèrent Thierry de Perwez comme prince évêque. Or ce dernier était soutenu par la France et le pape d’Avignon. Quand Jean de Bavière dut fuir à Maastricht, Jean Sans Peur et Guillaume de Hollande s’unirent pour mater la révolte des bourgeois dans les pays de Liège et en Hollande.
Le camp des Modernes devrait encore attendre.
« Qu’ils mourroient tous ensemble »
Une bataille eut lieu à Othée en 1408. Jean Sans Peur avait appris les leçons de Nicopoli et impliqua d’abord la piétaille épaulée des archers écossais. Et puis les chevaliers. Mais dans cette bataille apparut une nouvelle arme de guerre, l’artillerie. Finalement l’appui des chevaliers fut décisif parce qu’il fut contrôlé en exigeant de ses commandants de frapper par vagues. Dans les pauses où les chevaliers se retiraient, les archers venaient ouvrir un passage. L’arrière-garde liégeoise ne put coincer les chevaliers dans les corps à corps et fut au contraire coupée des autres et décimée.
La renommée de Jean Sans Peur le précéda à Paris où il revint réhabilité. Son art de la conciliation joua à plein pour calmer la querelle autour de l’attentat contre Louis d’Orléans. Évitant la guerre civile mais semant une graine de vengeance dans la tête de Charles d’Orléans, fils de Louis.
Désormais Jean Sans Peur dut surveiller la France de très près ; il nomma son fils Philippe le Bon comme son représentant permanent en Flandre, à Gand, en tant que stadhouder. Ce dernier développa remarquablement l’économie par des accords commerciaux avec l’Angleterre et surtout avec la Hanse Germanique.
Le centre de gravité du duché de Bourgogne glissa nettement plus au Nord.
« La vraie histoire de la douleur »
La guerre de 100 ans est une calamité car les protagonistes qui s’y jettent le font dans une culture de la chevalerie qui y vivra sa fin dernière.
Bernard d’Armagnac sera un allié de Charles d’Orléans et ensemble à Bourges ils se gagneront le soutien des anglais. Passagèrement.
A Paris les insurgés butaient sur la résistance bourguignonne. Les parisiens haïssaient le roi de France qui pressurait son peuple dans des impôts exorbitants. Mais Jean sans Peur voyait sans cesse ressurgir les colères des artisans qui comme des girouettes passaient d’une humeur à l’autre et à certains moments espéraient trouver réponse à leurs demandes …chez les Armagnac. Ces derniers en abusaient à leur tour en créant la Terreur partout où on les appelait.
Ils révèrent ainsi d’affaiblir le duché de Bourgogne. La France ne put se gagner les villes de Lille et d’Arras laissant les deux camps sans victoire décisive.
Par dessus ça, le concile de Constance mit fin au schisme et Martin V regagna Rome (1418). Jean Huss en profita pour tenter son coup…Jean Sans Peur en appela au pape pour consolider sa légitimité dans la place de Paris. Matant les rébellions, il dégageait ainsi un peu de temps pour affronter une recrudescence de la guerre de 100 ans.
À la bataille d’Azincourt, Antoine et Philippe petits fils de Jean le Bon se ruèrent contre les anglais. Le camp anglais était conduit par Henri V et fut victorieux. Charles d’Orléans fut fait prisonnier.
Jean sans Peur perdit deux de ses frères. Et il partit en Brabant.
En 1416 lors des Etats de Brabant et Bourgogne, le duc Jean sans Peur signa à Termonde un compromis sur la succession d’Antoine. Malgré une opposition venue de Sigismond le hongrois, il plaça Jean IV et surtout accepta que les villes comme Louvain et Bruxelles se constituent en commission de régence durant la minorité du garçon. L’union entre la Flandre et le Brabant était fragile.
Revenant à Paris, Jean flaira sa chance quand Isabeau de Bavière est chassée de la cour par le comte d’Armagnac.
Par ailleurs Guillaume ,comte de HZH, meurt et Jean sans Peur propose en mariage Jacqueline fille de Guillaume avec Jean IV de Brabant. Sigismond ne l’entend pas de cette oreille et comme le Brabant relève du Saint Empire Romain Germanique, il ne veut pas perdre des terres de ce côté. Toutefois la pression bourguignonne est trop forte car pour la première fois il y a une union des Plats Pays. Jacqueline n’eut pas facile avec les Hameçons et les Cabillauds (les Anciens contre les Modernes) et contre Sigismond qui attisait les révoltes citadines. Elle appela à l’aide Jean sans Pitié* que Jean sans Peur avait soutenu dans les problèmes liégeois 10 ans plus tôt. Elle avait senti le sens opportuniste de ce drôle d’allié peu fiable …mais elle voulait sortir la Hollande et la Zélande de l’influence bourguignonne.
Jean sans Peur lui avait trop à faire à Paris où les Armagnac armaient les habitants assiégés.
Chapitre 10 : Poing coupé, teste escartelée
Par traîtrise les bourguignons entrèrent dans Paris. Les partisans du comte d’Armagnac réussirent à exfiltrer le dauphin Charles (futur roi Charles VII) vers Bourges. Attaquer Bourges c’était laisser la capitale vide pour les anglais. Jean et Charles passèrent un deal qui devait être avalisé à mitan d’un pont à Montereau. Mais là Jean se fit tuer.
« Sire voilà le trou par lequel les anglais sont boutés de France »
PHILIPPE LE BON vivait alors à Gand. Dans son désir de vengeance, il conclut un traité de paix avec les anglais à Troyes, leur livrant la France. Il convinct Charles VI de marier sa fille Catherine à Henry V, acceptant que ce dernier accède à sa mort sur le trône de France. Quant au dauphin on le décréta batard. Pour le duc, la France n’est plus la France.
« Le centre de gravité passe résolument dans le Nord »
Philippe le Bon força sa cousine Jacqueline à accepter que son mari Jean de Brabant et son oncle Jean de Bavière se partagent le pouvoir dans HZH. Ceci dit le duc était forcé d’admettre certains travers du caractère de Jacqueline…Mais de là à ce qu’elle file en Angleterre et tombe amoureuse du frère du roi Henry V…Là il fallut s’atteler à contrarier ce mariage. Dans ces entrefaites Henry V et Charles VI moururent. La France sombra en déshérence. En Hollande Zélande Hainaut l’apocalypse était proche. Philippe le Bon parvint à fissurer la résistance de Jacqueline et pénétra sur ses terres.
Chapitre 11 : trois comtés, un seul duc
C’est Philippe le Bon qui fit le plus pour donner au duché de Bourgogne sa splendeur maximale.
Il régna longtemps. Il épousa Isabelle de Portugal en troisième noce. Fin politique, Philippe le Bon provoqua en duel le duc de Gloucester, Humphrey (1425)… mais le gant ne fut pas relevé.
« Durement lubrique »
De ce duel, Dieu dirait qui a le droit de régner en HZH.
Pour s’y retrouver il faut savoir que l’Angleterre est soumise à un régent car le futur roi Henry VI est un bébé. L’Angleterre en France est gérée remarquablement par Bedford grand stratège. Il laisse l’Angleterre à Londres aux mains de seconds couteaux avides mais piètres politiques dont Humphrey.
Philippe le Bon a toujours su s’entourer de personnalités de bon conseil, comme le Chancelier Nicolas Rollin. Le traité de Troyes était bancal et en secret des pourparlers se tenaient avec le dauphin français. Tant que la lutte restait incertaine entre l’Angleterre et la France, cela profitait à Philippe qui s’étendait au Nord.
« La plus dolente femme, la plus perdue, la plus faussement trahie qui vive »
Le prince évêque de Liège mourut emprisonné par Jacqueline. Philippe le Bon s’en irrita. Jean de Bavière par sa mort lui avait cédé Voorne et Voerde.
Le Hainaut fut le terrain où le duc fit la guerre à Jacqueline et donc à l’Angleterre. Par le mariage de Jacqueline avec Humphrey, l’Angleterre avait des vues sur HZH. Mais la bataille sans vainqueurs se termina par la trêve de Braine-le-Comte. A la mort de Bedford, Humphrey découvrira qu’il a un rival dans Londres du nom de Henri Beaufort évêque de Winchester.
Le point faible de Humphrey est son appétit de femmes et quand Jacqueline sera doublée par une maîtresse elle obtint le divorce …cédant du coup HZH au duc de Bourgogne. Le comté fut confié à Jean de Brabant. Jacqueline fut confiée à Louis prince d’Orange pour être sous contrôle. Mais Jean ne pouvait tout gérer. Il fit prospérer le Hainaut* autour de Mons mais perdit de son prestige en Hollande et Zélande car Jacqueline renâclait dans les coins.
Chapitre 12 : le combat pour la Hollande et la Zelande
Jacqueline s’échappa et s’allia avec les Hameçons. Philippe le Bon sensible à la souffrance des Cabillauds exsangues sous les saignées des impôts du comté octroya des privilèges aux villes de Haarlem, Rotterdam, Leyde, Dordrecht.. Et il promit d’aider aux travaux d’endiguement, pour lutter contre les pirates anglais et la coalition des grandes villes de la Hanse.
L’armée anglaise en ce temps là débarquait à Calais.
« Toute notre prospérité est liée à la Hollande et à la Zélande »
Le Nord est menacé par les grandes marées provoquant des inondations surtout en Zélande ce qui nuisait à son développement* économique. Les Plats-Pays connaissaient d’importants changements démographiques*. Mais les grandes villes n’auraient la paix qu’une fois Jacqueline mise à quia.
« Chassée d’un de mes pays en autre »
Les anglais n’ont pas de bateaux plats mais leurs archers sont redoutables. Le comté de Zélande choisit le duc contre Jacqueline. Une armée a besoin de se reposer et dans une de ces périodes de relâchement, Jacqueline lança son va-tout en cherchant à se gagner la Frise du nord et le Kennemeerland. Une armée fut levée faite de paysans lancés contre Haarlem qui résista. À Hoorn (1426) Philippe ne fit qu’une bouchée de cette armée et imposa des sanctions terribles, en quadrillant la campagne avec des ouvrages défensifs aux carrefours stratégiques des fleuves. Ne trouvant plus d’appui chez les anglais, Jacqueline abdiqua définitivement lors de « la Réconciliation de Delft » et ceci mit un terme à la guerre civile des Hameçons et des Cabillauds. (1428)
Chapitre 13 : Comme femelle ou comme mâle
Le statut de la femme* se met à bouger. Christine de Pisan sait de quoi elle parle. De 1214 à 1278 le comté de Flandre est régi par des femmes.
Mais on observe aussi le pouvoir chez Jeanne de Brabant, Jacqueline de Bavière, Isabeau de Bavière et cela dénote avec le Saint Empire Romain Germanique* et la France. Les femmes sont exclues de l’art de la guerre. Elles ne peuvent être chef …jusqu’à ce qu’arrive Jeanne d’Arc, qui pâtira malgré tout de son statut de paysanne.
« Elle a abjuré sans pudeur la décence de son sexe »
Retour en arrière autour du rôle de Jean de Bedford. 1428 : Jean de Bedford veut en finir avec le futur Charles VII roi de Bourges*. Gagner la guerre exige de ruser.
Le royaume français est amputé de la Normandie à l’ouest de Paris et de l’Aquitaine par les anglais, du Sud et du Nord par la Bourgogne.
« La pucelle a des visions à Orléans »
Aux Etats Généraux que le roi tenait à Chinon, une rumeur circule à propos d’une paysanne, qui s’occupe de problèmes stratégiques relevant de l’art de la guerre et commence à endosser le costume militaire. Il faut dire que Charles VII est un piteux chef de guerre et les manoeuvres qu’il entreprend pour couper l’anglais de son intendance échouent. Il ne sait plus quoi faire… car le peuple adorait cette fille de rien qui donnait des conseils l’air de savoir ce qu’elle dit. D’où lui venait cette assurance ? De la Vierge Marie ?
Chapitre 14 : Apparat et paillettes
Charles VII se fit couronner à Reims. Et défia la paysanne qui, soutenant les troupes au combat, commençait à reprendre du territoire à l’anglais. Elle se mêla de diplomatie en informant Philippe le Bon que le roi voulait faire la paix avec lui. Mais le roi est un mou mais en plus un fourbe : il finit par envoyer Jeanne au casse pipe sans la doter de moyens, tout ça pour la discréditer … et ça marche !
Le duc de Bourgogne aime ça. Il en profite pour se marier une troisième fois à Bruges.
« L’abilité et souffisance de Jean de Eyck* »
Ce peintre est très doué pour les portraits*. Mais il était aussi fin diplomate.
Il fit le portrait d’Isabelle de Portugal. Et la sachant proche de l’Angleterre par sa mère il ourdit un projet qui forcerait la France et la fière Albion à faire passer avant toute autre considération les conditions de neutralité nécessaires au commerce de la laine soumise à concurrence forcenée.
« C’est avec des hochets que l’on mène les hommes »
Le 7 janvier 1430, Philippe le Bon entreprit à l’occasion de son mariage une opération marketing au domaine de Hesdin*, transformé en château de conte de fée. C’est là que le duc porta pour la première fois « l’Ordre de la Toison d’Or* ». Ce talisman tissera un réseau au plus haut niveau créant l’embryon d’une unité politique.
Chapitre 15 : la fosse ou le bûcher
Jean de Bedford proposa au duc de lui céder la Brie et la Champagne s’il acceptait en contrepartie de l’aider à reprendre ces terres aux français.
Jeanne d’Arc les attendit à Compiègne mais elle y est faite prisonnière et livrée aux anglais.
« J’aimerais mieux être décapitée sept fois »
À la mort du duc de Brabant, Philippe le Bon lève le siège de Compiègne et file à Bruxelles.
Philippe de Saint Pol était un bon dirigeant, il suivait une voie très personnelle et voulait créer sa propre dynastie. Pour ce faire, il voudra épouser Yolande d’Anjou mais est terrassé par une crise foudroyante. Sigismond réapparait car il avait des droits sur ce duché sans les moyens de sa politique.
« Fin de Jeanne de Brabant »
Le duc de Bourgogne savait se gagner les voix aux Etats de Brabant (où siègent les représentants des grandes villes) et il annexe le Brabant, le Limbourg et Namur*.
Chapitre 16 : Paix et beauté
On revient sur les frères Van Eyck mais surtout sur la démographie mise à mal par les maladies infantiles*.
Philippe le Bon eut du mal à engendrer et aura finalement un fils (1433).
C’est un moment où il y a un virage dans la guerre de 100 ans. Philippe le Bon voit un intérêt à s’allier …avec la France. Les anglais perdaient de leur pugnacité dans cette guerre d’usure. Les français épaulaient les bourguignons contre le Saint Empire Romain Germanique.
Pour conclure la guerre par une vraie paix, il fallait qu’elle soit signée par toutes les parties prenantes. « La paix d’Arras (ou Traité) » n’en est donc pas une parce que les anglais s’y désistent.
Philippe le Bon tout puissant sortait de son lien féodal avec la France. La France renonçait au Maconnais, Auxerre, Boulogne, les principales villes de la Somme et la Picardie si bien que « les Provinces du Nord » descendaient jusqu’à 100 km de Paris.
La France y gagnait qu’elle n’avait plus d’autre ennemi que les anglais.
« Den Alderconstischsten Meister van schildert »
Le peintre Jean Van Eyck est tout simplement hors norme.
« Un mariage hors mesure »
Le mariage de Charles le Téméraire et Catherine fille du roi de France fera parler de lui.
Chapitre 17 : le rêve bourguignon
Le 23 mai 1430, Compiègne avait été prise par trahison. 7 ans plus tard le 22 mai 1437, Philippe le Bon connut le même sort à Bruges. Qu’est ce qui s’était passé ?
« Le terrible mercredi de la Pentecôte »
La mort de Jean de Bedford mit en place le duc de Gloucester.
Philippe le Bon donna un coup de main au roi de France en cherchant à s’appuyer sur les flamands…mais ceux-ci n’aiment pas se battre. Les anglais en veulent car le Traité d’Arras leur disconvient. À la bataille de Calais les français commirent la même erreur tactique qu’à la bataille de Montdidier. En en profitant, les anglais ouvrent un nouveau front plus au Nord et prennent quelques villages (Middleburg, Poperinghe). Gloucester se proclame comte de Flandre puis se replie à Calais. L’économie qui avait besoin des marchés flandriens déforça l’Angleterre qui ne pouvait esquinter cette région.
Philippe le Bon monta contre Bruges qui lui dressa un piège. Il réussit à s’enfuir vers Lille. La rébellion de Bruges fit long feu faute d’appui anglais…et surtout de celui des autres villes flamandes. Philippe colla une amende colossale et impayable ; le stathouder de HZH, Hugues de Lannoy, s’interposa et établit une paix durable. Celle-ci fut soutenue par Isabelle, femme de Charles le Téméraire et, grâce à elle, la Bourgogne et l’Angleterre signèrent une trêve. La libération de Charles d’Orléans ponctua l’accord et le duc lui remis l’insigne de la Toison d’Or.
« Et cætera »
CHARLES LE TEMERAIRE héritera à la mort de son père de la Bourgogne, du Brabant, ainsi que du Lothier, Limbourg, Luxembourg, de la Flandre, l’Artois, la Franche Comté, le Hainaut, la Hollande, la Zélande, Namur, Boulogne, le Charolais, Tonnerre, Grünen Ponthieu, Saint Pol, la Frise occidentale, Malines, Salins…
Dans « les Pays Bas » ne subsisteraient que deux dynasties : la sienne et le duché de Gueldre. Mais cela ne durera pas car Charles comme son père va oeuvrer à la burgondisation* des « Plats Pays » au détriment du Sud….
« Il fut donné à d’autres courtisans de lécher le gras de la marmite »
…Mais aussi au détriment du Nord hollandais. Son image passait mal en Hollande, ce qui stimula un esprit d’indépendance, sensible finalement dans les révoltes autour de 1570.
Le duc est un centralisateur qui a des vues sur le rôle de sa splendeur, qui doit garantir la certitude d’un pouvoir indiscuté. Il bute sur les seigneurs locaux maîtres des terres pauvres incapables de payer l’impôt. Or les guerres interminables entre le comté de Namur et la principauté de Liège et dans le Brabant coûtent chers ; tout cela conduit à la pratique des rentes viagères*.
Dans les Pays Bas du Nord, les villes donnent du fil à retordre et « le cercle des privilèges* » passe mal dans la transition féodale vers l’économie bourgeoise (révolte de 1437 à Bruges).
Comment harmoniser les organes administratifs régionaux ? L’évolution dans le Nord s’opérera par la mise en place d’un contrôleur des dépenses des baillis à La Haye. Pieter de Leestmaker prendra du poids dans sa politique d’apaisement avec le duc. Apparaissent les spécialistes des finances*.
On ouvre des universités à Dôle et Louvain. Les arts suivent la richesse et produisent de grands artistes comme Roger van der Weyden (Middleburg).
« Il semblait que tous les diables de l’enfer se mettaient en route »
Philippe le Bon avait déjà anobli la roture (à lier avec une évolution des armes de guerre*) quand elle fit preuve de sa capacité de gérer une région. Régir c’est gérer. Cela profite de moins en moins à l’aristocratie (cantonnée en diplomatie). Louis de Gruuthuse se fit un nom en Zélande comme stathouder.
« Getrouwe vrienden, mes fidèles amis »
Ce fut l’introduction d’une monnaie commune aux Plats Pays qui fut décisive. « Le Vier Landen » regroupa la Flandre, le Brabant, la Hollande et le Hainaut car elle fut utilisée plus largement, son aloi en étant bon (aligné par rapport au Gros, flamand). Les impôts sont payés dans de la monnaie de valeur. Mais en retour on réclame d’avoir voix au chapitre (révolte gantoise contre la gabelle*). Le duc a du mal face à cette évolution et il se crispa en nommant des affidés, chargés de faire plier les hoofdmannen des cités.
L’art du duc, c’était d’entretenir les divisions.
« Ses terres se pouvoient mieux dire terres de promissions que nulles autres seigneuries »
Bureaucratie, salaire et personnel virent le jour. Ainsi que les procureurs et avocats.
La corruption fit son apparition car la différence entre argent privé et public n’est pas claire. Pour payer ses fonctionnaires, le duc devenu désargenté eut recours à des baux. Il se trouva lié à des fonctionnaires inamovibles quand ils se révélaient incompétents.
La répartition géographique des conseillers était inégale. Le français restait la langue de l’administration.
Tout ceci explique une morcellisation des territoires du Nord en une multitude de « pays » indépendants. Il n’y eut jamais alors d’Etats Généraux* en raison des réticences régionales. Le contraste est grand avec la France qui elle réussit son unification.
Chapitre 18 : faisan et renard
Les hospices de Beaune sont l’oeuvre du chevalier Rolin*. On retrouve Roger van der Weyden.
La Bourgogne était administrée par Guigone de Salins et Nicolas Rolin, mari et femme soucieux de recueillir les éclopés de la politique d’un duc toujours dans le nord où il vit d’un grand pied bien au dessus de ses moyens.
« Qu’il est doux dans la solitude de parler de Dieu »
En 1453 le turc Mehmed II envahit Constantinople. Le pape lança une croisade alors qu’il y a toujours la guerre de 100 ans.
La France en 1475 remporte une victoire décisive à Castillon.
Le duc est un grand croyant (l’imprimerie répand les livres comme l’Imitation de Jésus Christ*). Mais la technique a des effets sur le renforcement de la langue vernaculaire et l’individualisation.
La croisade n’enthousiasme plus et le duc qui en veut tente de rallier par une fête lors des fiançailles de sa nièce Elisabeth avec Jean de Clèves à Lille.
« Jamais ne coucheray dans un lict le samedy »
La Renaissance arrive très tôt en Bourgogne.
La croisade ne mord pas même si le duc y contraint les chevaliers de la Toison d’or par « le serment du paon* ». Le duc va jusqu’à s’adresser comme vassal de l’empereur du Saint Empire Romain Germanique lors de « la Diète de Ratisbonne ».
Sur les entrefaites Charles perd sa femme et doit se remarier. Ce sera Isabelle de Bourbon faisant contrepoids à la famille de Valois.
À ce moment l’Angleterre entra dans la guerre des deux Roses.
La croisade fut oubliée du temps du pape Nicolas V.
« Un renard qui mangera ses poules »
Calixte III comprenait le projet du duc.
Rodolphe de Diepholt était évêque d’Utrecht et étendait son influence spirituelle sur toute la Hollande, Zélande, Flandre jusqu’à Groeningue (l’Overzicht). À sa mort le duc « plaça » son fils David de Bourgogne (un batard ) comme évêque (il l’était déjà en Thérouanne). Il n’y avait que le duc de Gueldre à râler.
En France alors vient au grand jour la querelle entre le dauphin et son père. Louis décide de partir en Bourgogne. En Dauphiné il épousera Charlotte de Savoie ce qui redouble la colère de Charles VII. Le duc lui en profitera pour faire du futur Louis XI son débiteur.
Chapitre 19 : Père et fils
Le cauchemar de Philippe le Bon est sa propre colère avec Charles le Téméraire. La Maison de Croÿ avait une grande place à la cour du duc ; cela remonte à la liaison de Jean sans Peur avec Agnès de Croÿ. Cette maison manoeuvrait en coulisse à attiser la colère entre le duc et son fils. Les deux frères d’Agnès seront chevaliers de la Toison d’Or, le premier comme gouverneur de Luxembourg , Namur et Boulogne et le second comme bailli du Hainaut. Rolin tint tête à la Maison de Croÿ mais affaibli, à 80 ans il fut soupçonné de corruption malgré le fait que le duc avait sa préférence.
« Sous la contrainte il s’agenouillait par terre devant les arbres »
Les manoeuvres menaçaient le duc et quand sa mère, Isabelle de Portugal, en fut avertie elle impliqua le dauphin qui empira les choses*. Désormais la place de chambellan échapperait aux deux clans.
« Le plus beau membre, le plus gros et le plus quarré qui feust »
Un mois plus tard en 1457 MARIE DE BOURGOGNE naquit.
Elle sera la grand-mère de Charles Quint. Elle fut baptisée en l’absence de son père qui repartit en Hollande et d’Isabelle de Portugal qui avait quitté la cour de Philippe le Bon isolé et vieillissant mal, aliéné sous les manoeuvres des de Croÿ.
La culture par contre triomphe de mille feux dans l’influence de deux Renaissances. Roger van der Weyden réalisa le triptyque du Jugement Dernier. L’architecture se réinventa avec Jacques de Visscher. La littérature* prit distance d’avec les textes sacrés sous l’influence de Boccace traduit par Philippe Pot.
« Mis ça, puis là, comme le vent varie »
À la mort de Charles VII Louis XI fut couronné à Reims. Le vieux duc qui escomptait un retour sur investissement en fut pour ses frais.
De plus il accumula les erreurs en cédant les villes de la Somme pour des ducats. Quand il tomba malade Isabelle revint le soigner et il put se réconcilier avec son fils. Celui-ci apprenait bien et s’entourait de gens bien.
« Le fondement de notre représentation populaire »
Le turc progressait en Bosnie.
Mais les Plats Pays redoutaient l’éloignement du duc craignant des réactions de la France épaulée par les de Croÿ.
La réaction fut l’acte de naissance officiel des Plats Pays. Il s’agit du territoire de la Belgique complètée de la Flandre française et de l’Artois*.
À quoi Philippe le Bon répondit par des Etats Généraux à Bruges où il réussit à officialiser l’acte de naissance empêchant que les villes hollandaises fassent cavalier seul : aucun monarque ne pourrait régner sur ces terres sans l’aval « des Etats Généraux* » qui se réunirent chaque année de 1464 à 1576. Ceux-ci sont au fondement de la représentation parlementaire actuelle.
Philippe le Bon devenu sénile, son fils réconcilié mais moins lucide se priva de l’appui des de Croÿ qui pourtant étaient bien introduit en France.
« Le temps a laissé son manteau »Et on reparle de Roger van der Weyden* à Bruxelles et Louvain.
Troisième partie : la décennie fatale ( 1467-1477 )
Chapitre 1 : Joyeuse entrée, sombre accueil
CHARLES LE TEMERAIRE déclare la guerre à Louis XI. À la bataille de Monthéry il reprend les villes de la Somme mais cette cession est un cadeau empoisonné car le roi y a laissé ses partisans.
De plus ce serait bien d’éloigner le duc dans la principauté de Liège où il soutient la rébellion du bourgmestre anti bourguignon. Charles rétablit l’ordre et ce violemment jusqu’à Dinant.
« Que vous faut-il et qui vous esmeut, mauvaises gens »
Philippe le Bon meurt en 1467 et la Joyeuse Entrée de Charles se fit à Gand où on découvre de grands peintres, Petrus Christus et surtout Hans Memling et Hugo van der Goes*. Le lendemain, « les pèlerins de St Liévin* » créent des incidents que Louis de Gruuthuse parvient à arrêter. Charles trouva la ville imprévisible, en retira sa fille et le trésor des ducs ; ses mesures administratives irritèrent les villes d’Anvers, Bruxelles, Malines, Bruges et Gorinchem en Hollande.
Le duc sombra en dépression jusqu’à ce qu’il devienne parano.
« Un vers enveloppé d’un cocon »
À Bruges apparaissent des financiers de la famille florentine des Médicis, Tommaso Portinari.
Après la bataille de Monthéry, Isabelle de Bourgogne mourut de tuberculose. Le duc voulut se remarier avec Marguerite d’York, soeur du roi d’Angleterre Edouard VI. Le mariage ne donna pas d’enfant et Charles n’aura jamais de garçon. Il finira par épouser en 3ème noce Isabelle de Bourbon et en eut une fille, MARIE DE BOURGOGNE.
C’est elle qui lui succédera.
Chapitre 2 : La couronne à portée de main
Le roi de France veut en finir avec les vassaux rebelles. Il monte une armée contre le duc de Bourgogne à Péronne. Charles s’était mis à la tête d’une « Ligue du Bien Public* », coalition de princes français. Les choses devaient se régler dans un compromis mais arrivèrent alors de mauvaises nouvelles.
« Le chaste duc à la barbe embrasée »
Liège venait à nouveau de se soulever. Charles y vit une manoeuvre française et il arrêta le roi de France. Ses conseillers lui suggérèrent de prendre la couronne. Il hésita. Cela se solda par la cession de la juridiction du Parlement de Paris sur la Flandre et l’Artois. La Picardie revint au duc.
Ensuite il força le roi à l’accompagner à Liège et c’est là que naquit du côté français l’idée de se venger. La terreur bourguignonne s’étendit jusqu’à Aix La Chapelle et Cologne. Les gantois qui avaient aidé les liégeois se tinrent cois. Le duc eut fort affaire avec le roi et avec les villes qui ne cessaient de se coaliser avec la Suisse (ainsi Sélestat, Strasbourg, Bâle, Colmar, Zurich, Lucerne et Berne). Le duc annexa la principauté.
« La destinée de l’Autriche* est de diriger le monde entier »
Charles voulut une armée permanente et il augmenta les impôts. Le duc acheta la Haute Alsace que Sigismond vendait pour s’armer contre les suisses (Waldstätte). Le duc accroitra son influence à l’Est en conquérant le duché de Gueldre (Venlo, Ruremonde, Nimègue). Adolphe duc de Gueldre, fils d’Arnold, mourra en prison. Le duc en profita pour annexer le comté voisin (Zuiderzee, Maaseik). Le Saint Empire Romain Germanique (= SERG) réagit et l’empereur Frederic III mariera son fils Maximilien d’Autriche avec Marie de Bourgogne (Trèves*).
« Roi de Bourgogne »
Pour manoeuvrer le duc devait demander à René II de Luxembourg le droit de passage pour son armée. Pour accepter que sa fille épouse l’autrichien un deal lui octroya le titre de roi. Charles dans sa folie voulait s’appeler roi des Romains mais on lui céda roi de Bourgogne …il n’y eut jamais de couronnement.
Chapitre 3 : Rénovation et innovation
Charles fut sollicité pour sauver l’archevêque de Cologne, Robert. Celui-ci avait exaspéré les sujets sous ses ordres dans la principauté.
À côté Charles s’attela à la révision des institutions bourguignonnes*.
La féodalité avait imposé la vassalité pour une part au roi de France et pour l’autre part au SERG. Charles devait renforcer ses acquisitions comme un tampon d’où sa politique d’annexion.
C’est surtout au plan juridique qu’il fallait réformer ; le Grand Conseil ambulant ne faisait pas le poids par rapport au Parlement de Paris. Il le fixa à Malines en créant une Haute Cour de justice que Charles appela « Parlement ». Séparé par le Luxembourg, la partie sud du duché en eut deux à Beaune et Dôle…jusqu’à ce que Malines comme la plus haute Cour juridictionnelle d’Appel s’impose comme capitale des Plats Pays. L’erreur fut de sous représenter les flamands et ceux-ci restèrent attachés à leurs tribunaux locaux*.
Au plan financier Charles fusionna les Chambres des Comptes de Lille, Bruxelles et La Haye en fixant une seule Grande Chambre des Comptes à Malines. Il essaya d’instaurer un seul système général de perception fiscale pour toute la Bourgogne mais se heurta aux villes.
Les Plats Pays souffriront longtemps d’une hétérogénéité structurelle car très urbanisés et donc divisés.
À Thionville Charles développa une note d’orientation sur la politique militaire.
« Un grand discours »
Charles rapatria la dépouille de ses parents à la Chartreuse de Dijon où il tint un discours* capital sur sa vision du duché.
« L’imprimerie fait une révolution »
L’invention de Gutenberg en 1473 changea le marché des manuscrits enluminés qui avaient porté la gloire du duché depuis Bruges (Colard Mansion*). Les tirages imposèrent une aura fantastique au travail des chroniqueurs (William Caxton*). Des livres en néerlandais* sortiront à Gouda, Audenaarde et Delft.
Charles est un immense lettré et il promeut tous les arts dont la peinture et la musique polyphonique.
Chapitre 4 : Piégé dans la neige
Chef de guerre Charles assiégea la ville de Neuss sur la route de Cologne pour en faire un protectorat bourguignon.
« Dieu lui avait troublé le sens et l’entendement »
L’Alsace faisait partie des rêves d’expansion du duc mais après Neuss la Basse Union (Strasbourg, Bâle, Sélestat et Colmar) organisa une résistance avec l’aide des suisses. Charles avait refusé de leur vendre la Haute Alsace et décida de réagir quand les insurgés assiégèrent le château de Héricourt en Franche Comté.
C’est à ce moment que les anglais demandèrent qu’il honore la promesse qu’il avait faite aux York de les favoriser dans l’accès à la couronne royale. Tout ceci impliquait des mouvements de troupe traversant le Luxembourg qui refusa le passage.
De leur côté les suisses accentuèrent leur pression en concluant une alliance avec le roi de France. Ce dernier attaqua les villes de la Somme.
À Neuss les troupes de Frederic se placèrent face aux troupes du duc. Cela se solda par une paix dont le prix fut que Charles se retire de la Principauté de Cologne.
« Il perdra la vie ou triomphera à la guerre »
Charles se rendit à Calais où il rencontra Edouard IV. En passant par la Flandre il essaya de lever une armée mais les finances qui avaient été bonnes du temps de son père avaient fondu et cela finira par ruiner la Bourgogne. N’ayant plus les moyens de sa politique, il abandonna Edouard et retourna en Lorraine.
Le roi d’Angleterre signa de son côté un accord avec le roi de France et sortit du continent.
À Nancy le duc reprit en main la Lorraine qui ruait dans les brancards avec René II. Du moins pour un temps parce que le ver était dans le fruit infectant toutes les acquisitions bourguignonnes de l’Est où restait le problème suisse.
Leur confédération de Waldstätte (Uri, Unterwald, Schwytz, Glaris, Zoug, Berne, Lucerne et Zurich) était régie par un Conseil regroupant des représentants des différentes régions confédérées. Ils se considéraient comme relevant du SERG en tant que hauts allemands. Sigismond de Habsbourg les craignait à juste titre.
Tout est réuni pour constituer le nouveau décor européen dont l’Angleterre et le duché de Bourgogne sortiront par les coulisses.
Le duc rencontra l’armée suisse à la bataille de Grandson où il commit une erreur tactique grave puisqu’il perdit « le Trésor des Bourguignons* ». Il en tomba en dépression jusqu’au moment du mariage de sa fille.
« Je lay emprins »La revanche contre les suisses eut lieu à Morat près de Berne. Mais le duc perdit la bataille ; René de Lorraine reprit son domaine et chassa les bourguignons de Nancy. Charles reprit la ville mais le roi de France arma les insurgés suisses qui vinrent prêter main forte aux troupes de René. Fins stratèges ils s’imposèrent tuant Charles pris dans leur piège.
Quatrième partie : une année décisive ( 1482 )
La peste fit son apparition.
Marie de Bourgogne (et son mari) s’installa à Gand.
Le roi de France continua à grignoter le duché de Bourgogne en ordonnant un blocus du sel.
Mais Marie réussit à sauver le duché d’une pure débâcle.
« Fidèles jusqu’à la mort »
Le roi de France apprit la mort de Charles et envahit le vieux duché et la Franche Comté. Il lorgna évidemment vers le Nord.
Aux Etats Généraux de Flandre, Marie obtint des appuis inconditionnels au prix de démanteler le centralisme créé par son père. On en revint au Grand Conseil itinérant en langue thiois et basé sur les coutumes locales. Elle signa tout ça dans « le Grand Privilège » (1477). Les Plats Pays acquirent une structure fédérale et contre le roi de France choisirent d’être gouvernés par les bourguignons.
Mais la Gueldre et Liège firent bande à part. En fait la France renforça un esprit national en nos régions.
En Hollande et Zélande un brugeois céda le rôle de stathouder à un zélandais.
Marie était devenue de fait souveraine des Pays Bas bourguignons.
« Un petit nez, un petit front, des paupières tombantes »
Le Grand Privilège ne convenait pas au peuple qui chercha un exutoire. Il s’en prit au chancelier Hugonet. Cela se passa de même pour les stadhouders de Liège et Luxembourg. Marie* quitta Gand pour Bruges.
Maximilien* devint essentiel quand il revendiqua le titre de roi des Romains selon les coutumes germaniques et qu’il devint empereur selon la volonté des grands électeurs du SERG. Comme roi il pouvait vivre à crédit et les Pays Bas étaient riches. Il ne fut pas aimé car il ne maitrisait pas les langues.
Avec Marie ils eurent un garçon PHILIPPE LE BEAU et une fille MARGUERITE D’AUTRICHE. Cette dernière jouera un rôle majeur dans les Plats Pays. Mais Marie fit une chute mortelle à cheval* et eut juste le temps d’obtenir que Maximilien soit régent de Philippe.
Philippe le Beau réussira de se faire aimer. Il aura un fils, CHARLES QUINT.
Maximilien dut se battre contre Louis XI à Enguinegatte près de Boulogne sur mer. Il arrêta définitivement la France vers le Nord. Maximilien dut faire les quatre volontés des Etats Généraux qui lui imposèrent de signer une trêve avec la France (traité d’Arras*). Marguerite d’Autriche fut promise au dauphin Charles et ainsi appelée à devenir reine de France.
Cinquième partie : un jour mémorable ( 20 octobre 1496 )
Frederic III décèdera en 1493. MaximilIen devient le nouvel homme fort du SERG.
Il cède le pouvoir dans les Plats Pays à Philippe le beau. Ce sera le dernier duc de Bourgogne (+ en 1506). Durant son règne les Pays Bas connurent une paix durable car il sut s’entourer d’excellents conseillers. Il se maria à LIerre avec JEANNE DE CASTILLE (la folle). Il diminua les impôts, équilibre le pouvoir central avec des politiques participatives. Il réunit régulièrement les Etats Généraux. Il remit à l’honneur le Parlement de Malines.
« Mieux vaut saccager un pays que le perdre »
Maximilien voulait intégrer les Plats Pays dans le SERG mais il ne tint pas compte des citadins et de la noblesse locale.
À la mort de Louis XI le dauphin Charles VIII était âgé de 14 ans. Maximilien voulut lui faire la guerre butant sur l’opposition de Bruges et de Gand, qui refusèrent de lâcher Philippe le Beau quand son père voulut le déplacer en Brabant.
À Malines il y avait Marguerite d’York (dernière épouse de Charles le Téméraire). Il faut se rappeler que la Flandre a des liens avec le roi de France et aux Etats Généraux Maximilien est sommé de s’arrêter d’attaquer la France. Il est même fait prisonnier.
Pour retrouver sa liberté, il doit chasser les Habsbourg des postes administratifs publics et donner à Bruges et Gand le monopole du textile. Mais surtout il doit reconnaitre une pleine autonomie à Philippe. Il s’y engage, est libéré et renie ses promesses. Frederic III l’aida de son vivant à reconquérir les villes de Hollande Zélande Hainaut. Après sa mort, Maximilien ne cesse de donner des coups contre la Flandre.
C’est dans ces guerres que Bruges mise à mal est remplacée par Anvers*. L’assèchement du Zwin est pour beaucoup dans le glissement du centre de gravité en Brabant.
“Anno 1496 Philippus Pulcher Lyrae* in collegiali Sancti Gummari”
Philippe le Beau refusait de marcher au pas mais son père le força à épouser la famille royale espagnole en pleine Reconquista. La soeur de Philippe redoubla la mise dans un mariage avec la royauté espagnole*.
Marguerite épousera JEAN D’ARAGON héritier de la couronne alors qu’elle avait été promise à Charles VIII qui couva une vengeance. Avec les espagnols Maximilien trouvait un partenaire contre le roi de France. Il faut savoir qu’il y a un enjeu caché : en Italie.
Epilogue : le dernier bourguignon
À l’inauguration des vitraux placés à St Gommaire, Philippe le beau n’est plus là et Jeanne en deviendra folle de chagrin. Elle mit au monde encore une fille, Catherine, puis tomba réellement folle à enfermer.
De Charles Quint Marguerite exercera la régence. À la mort de Jean son mari, elle hérita du trône espagnol. La soeur de Jean, Isabelle, mourut et le fils de cette dernière devint roi de Castille, Aragon et Portugal*.
On reparle de la menace des turcs, de la réforme luthérienne et d’empire colonial (Christophe Colomb).
« Mon coeur a toujours été ici »
Charles Quint avait plusieurs titres *.
À la mort de son troisième mari (Philibert II de Savoie), Marguerite d’Autriche devint gouvernante des Pays Bas et tutrice des enfants de son frère Philippe.
Elle admirait les arts (Hugo van der Goes, Hans Memling*). Charles fut élevé à Malines et apprit plus tard l’espagnol.
C’était un chevalier du Moyen-Âge. L’empereur réva de récupérer le duché de Bourgogne du sud.
Mais ce sont deux femmes qui vont établir la paix entre la France et le SERG : Louise de Savoie mère de François Ier et Marguerite d’Autriche tante de Charles Quint. Elles renoncèrent aux terres de leurs ancêtres pour assurer une stabilité (realpolitik).
Après la mort de Marguerite c’est la soeur de Charles Quint, MARIE DE HONGRIE, qui gouverna les Plats Pays en son nom. Quant au fils de Charles Quint, PHILIPPE II il ne viendra pas dans le nord… ce qui permettra l’implantation du luthérianisme et la scission des Plats Pays en deux.
Les contrées méridionales des Pays Bas incarneront une ambiguïté romano-germanique caractéristique de la Belgique actuelle.
« Belgae, Niderland, Vlaenderen* »
Charles Quint fit tout pour que les Pays-Bas tombent dans les mains des Habsbourg. Il renforça l’unité de l’Utrecht/Oversticht, de la Gueldre avec Groningue et la Frise. Les 17 Provinces étaient réunies. En 1548 Charles Quint écrivit « la Pragmatique Sanction* » pour régir le droit successoral du bloc insécable des 17 Provinces qui n’ont jamais été 17. Trente ans plus tard il y eut quand même scission avec les 7 Provinces Unies des Pays Bas (Olanda*). Cette scission nord-sud nuisit à l’économie régionale*.
« Magnifique et somptueux »
En 1555 Charles Quint abdique et partage son empire en deux. Le SERG ira à son frère Ferdinand et le reste à Philippe II, son fils. Il meurt en 1558 mis à bout par une réforme spirituelle personnelle (Erasme*).
La suite est une autre histoire.